Fraude “419” au Nigéria

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Un nombre relativement restreint de Nigérians, estimé par certains à près de deux cent mille sur un total de plus de 150 millions d’habitants contribue à maintenir une perception du Nigéria comme l’un des pays les plus corrompus.

Ces 419-ers (« Four one niners ») n’opèrent pas seulement depuis le Nigéria mais aussi depuis la diaspora, ce qui explique que cela soit particulièrement dommageable aux réformes économiques.

En effet, ce n’est pas non plus le message que le Nigéria souhaite envoyer aux investisseurs potentiels et hommes d’affaires étrangers. Le gouvernement a  condamné plusieurs fraudeurs lors de procès au cours desquels l’argent a été rendu aux victimes.

Les Belges sont aussi fréquemment victimes de ces « 419-ers ». Vous trouverez ci-dessous quelques conseils qui vous permettront de démasquer ces propositions frauduleuses, faites la plupart du temps par email, et qui vous diront quoi faire si vous êtes victime de telles pratiques.

LeNigéria a enregistrer la « fraude 419 » dans le code pénal ; les contrevenants peuvent être condamnés à une peine de prison de maximum 3 ans. L’infraction sera d’application pour tous les mails non souhaités qui ont été envoyés depuis le Nigéria.

La « fraude 419 »

Le Nigéria est le domicile de nombreux escrocs qui contactent des personnes à l’étranger par mail ou via les réseaux sociaux. Les escrocs font d’intéressantes propositions en tout genre aux entreprises ou personnes seules et leur demandent d’une manière ou d’une autre de verser une somme initiale afin de pouvoir entamer la transaction. Si la victime répond à la proposition et effectue un paiement, elle est assurée que cet argent a disparu pour de bon.

Le phénomène est largement répandu au Nigéria et y est connu comme « 419 », en référence à l’article du code pénal qui interdit expressément de telles pratiques. Une instance publique spécialement mise sur pied, l’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC), tente de combattre ces pratiques, mais les fraudeurs sont nombreux et difficiles à arrêter.

L’ambassade de Belgique à Abuja est très régulièrement confrontée à des demandes de personnes qui ont été approchées par des « 419-ers ». 

Les escrocs sont particulièrement inventifs et trouvent leur refuge dans des projets de construction les plus fous. Pourtant, ces lettres et mails frauduleux sont assez faciles à reconnaître.

Caractéristiques

Quelques exemples types de « Fraudes 419 » (Il s’agit d’une liste non-exhaustive, la créativité des escrocs est particulièrement grande et de nouvelles variantes arrivent chaque semaine) :

1. La « Fraude 419 » classique : Un fils ou une fille d’un chef d’état africain ou d’une autre personne importante dispose d’une grosse somme d’argent (Millions de $) qu’il ou elle veut faire sortir du pays…via VOTRE compte en banque. On vous demande de donner votre numéro de compte en banque de sorte que l’argent puisse y être versé. En échange de ce service vous recevez un pourcentage du montant.

2. Il y a quelques années un Belge qui portait le même nom que vous est décédé au Nigéria. L’ « avocat » qui vous contacte a, pendant plusieurs années, essayé en vain de retrouver les héritiers de l’énorme fortune que la personne décédée a laissé (à nouveau quelques millions de $). En dernier ressort, il s’est alors adressé à une personne qui avait le même nom, afin de quand même pouvoir laisser l’argent à quelqu’un. Pour pouvoir profiter de cette générosité, vous devez tout d’abord remplir quelques formalités.

3. Votre entreprise a gagné un très gros contrat d’une entreprise publique nigériane fantôme. Avant que vous ne puissiez procéder à la livraison de vos produits (D’une valeur de quelques millions de $), vous devez tout d’abord payer quelques frais administratifs…qui continuent à s’accumuler.

4. Vous recevez une offre de contrat très alléchante au Nigéria, vous avez seulement besoin de payer pour les permis de séjour et de travail au préalable.

5. Autres propositions concernant de faux événements de bienfaisance et/ou de soutien à des ONGs inexistantes.

6. Invitation à venir rendre visite à un client potentiel au Nigéria. Dans ce cas, les escrocs n'hésitent parfois pas à payer eux-mêmes les billets d'avion. Une fois arrivées à l'aéroport, les victimes sont invitées à prendre un taxi pour se rendre à l'endroit convenu...avant que les escrocs ne les kidnappent et exigent une rançon.

7. Si la victime s’aperçoit de la fraude et en fait part à son correspondant, suivent alors des lettres d’ « avocats » et autres intermédiaires afin de récupérer l’argent pour vous…moyennant nouveaux paiements.

8. Les tentatives d’escroquerie arrivent aussi par des "amis" avec qui on entretient des contacts par courriel ou chat. Le scénario est le suivant : on fait la connaissance de quelqu'un sur internet (mais sans webcam). La personne se présente soit comme un Européen ou Nord-Américain, soit comme un/une Nigérian(e). On devient amis. L'ami doit ensuite aller au Nigéria pour des raisons professionnelles ou décide de venir vous rejoindre en Europe. Au Nigéria, il/elle est attaqué(e) et se retrouve sans argent, il/elle est victime d'un accident et se trouve hospitalisé(e) (la nouvelle est alors souvent annoncée par un « médecin »), ou il/elle a de sérieux problèmes avec la police ou une combinaison de ces malheurs. L'ami – que vous n’avez jamais vu - a urgemment besoin d'argent pour pouvoir rentrer, pour payer ses frais d'hospitalisation, pour arranger son problème avec la police ou l'immigration et supplie son ami virtuel de l'aider.

Il s'agit dans tous ces cas d'une escroquerie organisée à partir du Nigéria. Il s’agit seulement, comme annoncé, de quelques exemples. En réalité de nouveaux cas apparaissent en permanence et l’audace des escrocs est sans limites. Ceux-ci n’hésitent par exemple plus à créer des sites web factices destinés à gagner la confiance de leurs victimes.

Comment reconnaître un 419 ?

Un nombre d’éléments de forme vous permettent de reconnaître un 419. Vous pouvez ainsi faire particulièrement attention à :

1. (pour les entreprises) Vous êtes invité à conclure une relation commerciale avec un partenaire nigérian fantôme. Votre correspondant vous annonce qu’il s’est rendu à votre domicile « via la section commerciale de l’ambassade à Lagos ». Ce service n’existe pas.

2. La correspondance se passe la plupart du temps par email, ou via des fax « Copier-coller ». Souvent le papier à en-tête de toutes sortes d’instances publiques est découpé et utilisé, il s’agit même parfois de vrai papier à en-tête qui est donné par des membres du personnel moins honnêtes de l’entreprise ou du ministère public à des complices. Ces emails sont relativement simples à démasquer. Le correspondant travaille avec un nom de domaine public (Yahoo, Hotmail,…), souvent avec un prénom et nom comme première partie de l’adresse email.

3. Un excellent moyen de reconnaître de fausses lettres : la correspondance est presque toujours établie dans un anglais abominable. En particulier, la différence entre le singulier et le pluriel est rarement respectée. Les constructions de phrase sont obscures. L’emploi de la langue est emphatique. Vous pouvez donc ignorer la correspondance que vous recevez dans cette forme d’anglais.

4. Beaucoup de courriers sont souvent accompagnés de « cachets » : official, confidential, confirmed,… Le principe est le suivant : au plus il y a de « cachets » sur ces papiers officiels, au moins il y a de chance que ce document soit un vrai.

5. Les adresses du correspondant et numéros de téléphone sont souvent factices. Il s’agit parfois d’une simple boîte aux lettres (Dans ce cas, la fraude est certaine). Les numéros de téléphone, pour être un minimum crédibles, doivent au moins avoir un préfixe de deux ou trois chiffres, et un numéro propre d’au moins six chiffres. Les compagnies avec numéro de GSM uniquement sont suspectes.

6. Les gains promis dans la « proposition commerciale » sont toujours très élevés et complètement irréalistes d’un point de vue commercial.

7. La plupart du temps un élément d’urgence est inséré dans le message. Si le correspondant belge ne réagit pas dans un délai déterminé (assez court), il risque de perdre un contrat très lucratif. L’ « urgence » de l’affaire explique en effet que la compagnie belge n’a plus le temps de contrôler le sérieux de la transaction.

8. Il est souvent mentionné qu’une firme belge a « spécialement été sélectionnée ». La manière dont cette sélection a eu lieu n’est absolument pas claire.

9. On mentionne aussi souvent qu’il s’agit d’une transaction « fiable » et que pour cette raison, il n’existe aucune offre officielle. Le manque de communiqué au sujet d’une mise en adjudication publique est expliqué de la même façon. Il arrive même que le fraudeur suggère lui-même qu’une procédure moins correcte soit suivie et qu’il ne faut donc faire aucune publicité de cette affaire.

10. L’alerte rouge doit certainement être déclenchée lorsqu’il vous est demandé dans la correspondance d’envoyer de l’argent ou vos données bancaires d’une façon ou d’une autre. Les sommes demandées sont souvent « acceptables », environ 6000€. Les raisons répertoriées pour le paiement sont aussi nombreuses que les types d’escroquerie : enregistrement, frais administratifs, permis de travail, autorisations,…Lorsque le premier paiement a été effectué, d’autres demandes suivront assurément pour cause de « complications techniques », « risques de taux de change », « frais d’avocats »,…C’est alors le début d’un cercle vicieux durant lequel votre interlocuteur vous demandera toujours plus d’argent. Il existe des cas connus de victimes qui, durant des années, ont payé des montants toujours plus gros dans l’espoir de finalement récupérer leur argent.

Comment réagir ?

S’il s’agit directement d’une fraude : ignorer la correspondance de façon unilatérale.

Ne jamais donner ses coordonnées bancaires et encore moins de l’argent si vous n’êtes pas sûr à 100% de l’honnêteté de votre correspondant. NE JAMAIS COMMUNIQUER de données et d'informations personnelles ou concernant votre famille, vos cartes de crédit ou vos comptes bancaires dans vos contacts, communications par téléphone ou correspondance avec des personnes que vous ne connaissez pas bien.

En cas de doute au sujet d’une entreprise : demander un profil de l’entreprise par email, et demander des brochures, éventuellement complétées par des chiffres commerciaux qui puissent attester de la fiabilité de l’entreprise. Vous pouvez naturellement toujours essayer de joindre les numéros de téléphone mentionnés dans votre correspondance. En cas de doute : adresser une demande de contrôle à l’ambassade. En cas de « correspondances publiques », l’ambassade peut relativement facilement vérifier si le service concerné existe et/ou si le correspondant est actif. Tenez compte du fait que l’ambassade reçoit beaucoup de demandes de ce genre et ne peut pas toujours réagir immédiatement à votre demande.